Tuesday, February 2, 2010

Un salarié de SUPINFO rue de Bassano à Paris témoigne

Nous avons reçu cet email qui a été adressé à Alick Mouriesse le 25 Mai 2010 par un salarié SUPINFO de la rue Bassano à Paris.

[Début de la citation]

Nota bene : avant toute chose, je tiens à signaler que cet email a été écrit sans concertation avec les salariés SUPINFO, et que même si je pense qu'il reflète l'état d'esprit général, il n'engage que moi, son auteur, un salarié.

Monsieur Mouriesse,

Avec SUPINFO, nous assistons depuis quelques années à une belle success-story : des locaux prestigieux à travers le monde, une croissance impressionnante et rapide avec un nombre d'étudiants en hausse constante, des ouvertures programmées pour 65 campus d'ici 2012, un montage juridique composé de tellement d'entreprises dans tant de pays que l'on en ferait pâlir n'importe quelle multinationale. Bref, présenté ainsi, tout cela semble bien prometteur et fort bien engagé.

Cette carte postale est malheureusement bien différente de ce que nous vivons au jour le jour à SUPINFO ; plus précisément, de ce que les salariés vivent au jour le jour.

Et oui, il est temps que nous aussi, salariés, fassions entendre notre voix.

Cela semble fonctionner pour les étudiants de Bordeaux et Toulouse après tout !

Et comment faire entendre notre voix ? Comment vous faire remonter l'image de notre quotidien ? Enfin telle n'est pas vraiment la question, car vous déjà avez conscience de ce que nous endurons, mais préférez fermer les yeux...

L'idée m'est venue de faire la liste des griefs que j'avais envers SUPINFO.

Mais par où commencer cette liste ? Il y en a tellement ! En voici donc une liste non exhaustive, classée par ordre chronologique :

- Été 2007, dans la grande salle de réunion du 1er étage de Bassano, premier jour dans ces locaux prestigieux. Vous expliquiez que ce n'était pas plus cher de manger dans ce quartier luxueux qu'à Château-Landon. Quelle rigolade quand on y repense ! Alors que nous mangions au restaurant presque tous les jours à Château-Landon, pour le même prix, nous mangeons maintenant un sandwich sur les fauteuils délabrés de la salle de réunion.

- Décembre 2008, dans une salle au sous-sol de Bassano, tous les salariés du siège face à vous. Alors que nous subissions déjà tous à l'époque d'importants retards de salaires, vous regardiez alors tous vos collaborateurs dans les yeux en leur annonçant deux grandes nouvelles :

d'une part, vous n'étiez plus propriétaire de SUPINFO (l'école avait été vendue à des investisseurs étrangers - vous n'en étiez plus le leader que pour quelques années encore - même vos proches collaborateurs, Arnaud et Olivier, semblaient étonnés par cette annonce) ; d'autre part, nous allions tous avoir une prime équivalente à un mois de salaire (en dédommagement des problèmes financiers que nous pouvions rencontrer à la suite de ces retards de salaires). Avec le recul, nous savons que ces annonces étaient fausses.

Mais annoncer tout cela en regardant vos salariés dans les yeux, vraiment, vous êtes fort !

- Premier semestre 2009, alors que les retards de salaires perdurent, j'essaie d'expliquer à mon banquier que les deux mois de salaires en retard allaient enfin arriver bientôt, et même que notre entreprise prendrait à sa charge les frais financiers engendrés sur nos comptes (sans parler d'obligation légale, ce serait la moindre des choses). Mais, c'est bien connu, à SUPINFO, tout est toujours la faute de la banque...

- Milieu 2009, nous apprenions avec effroi que notre mutuelle avait été suspendue faute de paiement par l'employeur. Bien sûr, nous avons appris cela de la mutuelle elle-même ; bien évidemment pas de notre employeur, qui avait sûrement plus important à faire que de s'occuper de la protection médicale et sociale de ses salariés !

- Depuis le dernier trimestre 2009, nous attendons avec impatience nos tickets restaurant, pourtant bien prélevés de nos salaires. Tickets arrivés d'un bloc (très pratique...) en février. Pour votre information, au cas où vous souhaiteriez feindre ne pas le savoir, nous sommes toujours en attente des suivants depuis 2 mois, bientôt 3.

- Depuis maintenant plus d'un an, nous examinons chaque fiche de paie (qui arrive parfois avec plusieurs mois de retard ; enfin quand elle arrive...) pour vérifier ce qu'il manque ou ce qui est faux presque systématiquement :

congés payés erronés, remboursement des titres de transport qui disparait, pas de numéro URSSAF... Je ne parle même pas des bulletins reçus de SIU, société non immatriculée en France...

- Depuis quelques mois, nous contactons les différents organismes sociaux pour leur demander des informations sur SUPINFO, et nous apprenons avec effroi que les cotisations URSSAF par exemple ne sont pas payées. D'un autre côté, comme aucun numéro URSSAF ne figure sur nos fiches de paye, il n'est peut-être pas possible de payer les cotisations si l'entreprise n'est pas correctement enregistrée...

- Depuis quelques mois, nous demandons à la Caisse Nationale de l'Assurance Vieillesse nos identifiants sur leur site, et nous constatons qu'il nous manque de nombreux trimestres de travail à SUPINFO qui n'ont pas été déclarés.

- Depuis quelques semaines, nous remarquons avec stupeur que les feuilles pré-remplies des impôts sur les revenus sont fausses, et qu'il manque plusieurs mois de déclaration (comme par hasard, il manque les mois pour lesquels nous avons été basculés sur PIC, sans que cela n'ait d'ailleurs jamais été notifié aux salariés - pardon, nous avons bien eu une notification, mais pour un basculement sur SIU).

Il manque sûrement bien d'autres problèmes à cette liste ! Nous ne pouvons malheureusement pas nous retourner vers la convention collective (et oui, nous n'en avons pas...), ni vers le représentant du personnel (et oui, nous n'en n'avons pas non plus...), ni même vers notre président ("The International University Network", président de PIC selon les statuts disponibles sur societe.com, semble être parti en vacances à l'étranger, il n'est plus dans les pages blanches...) pour en dresser une liste plus précise.

Passer outre tous ces problèmes auxquels nous devons faire face au jour le jour, et qui sont si importants pour nous tous, n'est plus vivable. En fait, ils prennent une telle ampleur qu'ils en deviennent non seulement le sujet de préoccupation principal, mais affectent clairement notre travail. Non Monsieur Mouriesse, il ne s'agit pas des ragots de la pause café, comme vous l'aviez insinué il y a plusieurs mois. C'est simplement un fait, une réalité, un constat évident. Arrêtez de vous mentir à vous-même. Arrêtez de fermer les yeux. Arrêtez de mentir à vos salariés. Il y a des problèmes importants, il serait temps d'y faire face, pour une fois. Ces problèmes concernent vos salariés, la force vive de SUPINFO. Ces mêmes salariés qui ont développé SUPINFO avec vous, à vos côtés.

Aujourd'hui, les salariés ont perdu toute motivation, toute confiance. Une grande partie ne travaillent plus ou ne font que le minimum légal. Enfin pour ceux qui ont un travail bien entendu, car vous n'êtes pas sans savoir que plusieurs parmi nous viennent tous les jours au travail sans avoir de mission. Incroyable non pour une structure qui connait de graves problèmes financiers ? Inutile de vous dire que ça n'aide pas à motiver les rares qui (naïvement ?) travaillent encore. Quand on voit les problèmes financiers auxquels SUPINFO est confronté, on peut se demander quelles raisons métaphysiques peuvent justifier d'avoir des employés payés à ne rien faire !

Ça doit sûrement être politique...

D'un autre côté, la Direction est totalement inexistante. Tant au sens propre (vous n'êtes jamais présent à Bassano, et quand vous l'êtes, vous êtes enfermés dans vos bureaux) qu'au sens figuré. En effet, vous n'êtes pas sans connaître tous les problèmes évoqués ici (ou alors ce serait mentir à vous-même et à vos salariés, même s'il est vrai que c'est un art dont vous avez la maitrise), mais nous n'avons pourtant jamais eu de communication par rapport à tout cela. Que vous soyez occupé à des tâches stratégiques est tout à fait compréhensible. Par contre, que vous ne soyez pas capable de déléguer le management et la gestion quotidienne à quelqu'un, que vous soyez un point de blocage constant, est totalement inadmissible d'un dirigeant.

On peut se demander à juste titre pourquoi nous en sommes arrivés là ! Il est facile de constater que les problèmes financiers auxquels nous sommes confrontés (nous n'en connaissons finalement pas la source, mais cela devient usant de voir débarquer les huissiers ou les créanciers à Bassano) et les problèmes juridiques avec SOC, sont à la base de bon nombre de difficultés rencontrées par les salariés : problèmes financiers, aucune communication, aucun management...

Vous avez oublié depuis trop longtemps que vos salariés sont la force vive du projet SUPINFO. Que sans eux, celui-ci n'aboutira pas. Cette démotivation importante à laquelle nous faisons face, nous les salariés, empire d'autant plus la situation de SUPINFO.

J'avoue ne pas savoir ce que peut nous réserver la suite. J'imagine votre première réaction face à ce message, basée comme toujours sur la victimisation, en vous disant que tout le monde vous en veut, que vous faites pourtant tout votre possible pour sortir SUPINFO de cette mauvaise passe, et que maintenant, même les salariés se liguent contre vous !

J'imagine que vous pourriez répondre à ce mail en donnant votre vision de la situation et en répondant point par point. J'imagine encore que vous pourriez vous déplacer à Bassano, et faire une réunion avec tous les salariés, une mise au point pour remonter le moral de vos troupes. Mais pour dire quoi ? Pour faire quoi ? Quand nous savons tous que vous êtes capable de promettre à vos salariés des primes et du vent en les regardant droit dans les yeux, comment peut-on encore vous croire ? Quand nous constatons que vous êtes capable de fermer les yeux sur les retards de salaire, les problèmes de mutuelle, les cotisations sociales non payées, les tickets restaurant que nous n'avons pas, comment vous croire ? Quand vous laisser une partie de vos salariés venir au bureau sans avoir de travail, dans le laxisme le plus total depuis des mois, comment vous croire ? Quand vous attribuez aux autres le prix de vos erreurs, de votre désorganisation et de votre manque de management, comment vous croire encore ?

Je ne sais même pas ce que nous pouvons attendre de ce mail. La perte de confiance est telle qu'elle me semble irrémédiable. Les problèmes sont tels qu'ils me semblent insurmontables. Peut-être que si vous nous disiez une fois pour toute que tout espoir est perdu et que nous allons fermer, ce serait enfin la délivrance...

En espérant une réponse très prochainement.


[Fin de la citation]

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